En médecine, une lésion est l’atteinte d’un tissu organique par une pathologie (cancer, artériosclérose, infarctus,) ou un traumatisme ( blessure, chute , fracture…)
En ostéopathie, une lésion est l’altération de la mobilité d’un tissu ( articulation, os, muscle, tendons, viscères, sang…)
L’ostéopathie a pour base des constats très simples.
Toute l’anatomie et la physiologie sont organisés pour permettre le mouvement. Les fonctions organiques (cardiaques, vasculaires, rénales, locomotrices, etc.) s’appuient sur des structures et des tissus spécifiques. Enfin ces structures et tissus (os, viscères, muscles, ligaments, sang, liquide céphalo-rachidien, etc.) sont liés à d’autres par l’intermédiaire des tissus qui les composent et les entourent, si bien que le mouvement de l’un interfère avec celui des autres.
L’ostéopathie en déduit deux concepts fondamentaux : la perturbation de la capacité à se mouvoir d’une structure anatomique altère sa fonction et comme toutes les structures organiques sont en interrelations, l’altération de l’une retentit sur les autres.
Prenez un exemple banal : une femme ne voit pas une marche et se tord légèrement la cheville en la ratant. Elle a un peu mal mais la douleur est supportable et elle y prête peu d’attention. Quelques heures ou quelques jours après, il n’en reste qu’une sorte de douleur résiduelle. Rien de sérieux.
C’est ce qu’elle croit. Pour esquiver la gêne, elle marche en reportant le poids de son corps sur l’autre jambe et impose à l’articulation du genou gauche un surcroît de charge qui la surmène.
Mais il y a plus sérieux. La torsion de la cheville a distendu des ligaments et légèrement déplacé l’astragale (l’os du pied qui supporte le poids du corps et sur lequel s’articule le péroné) et le jeu de cette articulation est imperceptiblement faussé. Pour limiter le mouvement de l’articulation, les tissus qui la soutiennent se contractent afin de créer une contention naturelle et, à plus ou moins long terme, finissent par se fibroser.
A court terme, la rétraction des tissus de l’articulation, le déplacement de l’astragale et la distension du ligament modifie légèrement l’axe du péroné, si bien qu’a la tête de cet os, l’articulation du genou est faussa a son tour. Mais ce n’est pas tout : à l’extrémité supérieur du péroné, s’insère un muscle qui le relie à l’os iliaque. Ce muscle se tend, tire l’iliaque vers le bas et c’est l’équilibre et le libre mouvement du bassin qui sont perturbés, infligeant une adaptation(et une douleur) des vertèbres lombaires et une restriction de mobilité du rein droit. Or la mobilité rénale est essentielle : du simple fait du mouvement induit par la respiration, un rein parcourt 600m par jour et toute restriction à ce va et vient altère les fonctions d’alimentation et d’élimination.
Voilà un exemple de ce que l’ostéopathie appelle une chaîne lésionnelle ascendante : une articulation dont le jeu est perturbé fait réagir les tissus environnants et ceux-ci entraînent de proche en proche d’autres tissus et d’autres articulations dans un jeu faussé qui réduit la mobilité des structures et des organes.
A première vue , la lésion ostéopathique se transmet donc par l’intermédiaire des muscles et des tendons. En réalité, elle est plus complexe, car son transfert s’opère aussi par l’entremise de tissus dont nous n’ignorons pas l’existence : les fascias. On en parle au pluriel, on devrait le faire au singulier, car le fascia est un tissu continu, plus ou moins mince et résistant selon les tissus qu’il enveloppe, relie ou soutient.